USHUAÏA - UN AIR DU BOUT DU MONDE ...

Publié le par Ludovic

Je me lève à 8h00 et je pars aussitôt explorer les rues aux alentours car le soleil est au rendez-vous et je crains que cela ne dure pas longtemps. Ushuaïa est une ville spéciale, par sa situation géographique bien sûr, mais aussi par l'atmosphère particulière qu'elle dégage. Le centre à des allures de station de sport d'hiver car de nombreux bâtiments utilisent du bois et ont des formes de chalet. Les enseignes publicitaires se battent en duel avec les feux rouges et les fils électriques, cachant un horizon composés de montagnes légèrement enneigées.

Dès que l'on s'éloigne un peu de la rue commerçante en montant sur la colline, avec un peu d'attention, on pénètre dans un autre univers : celui des pionniers du début du siècle, à l'époque ou les matériaux de construction était de la tôle et du bois, et que la seule source de chaleur était celle du poêle. En effet, au milieu des maisons d'aspect moderne, se trouvent des cabanes au toit de tôle ondulée rouge, souvent rouillées, avec des frises en bois qui courent tout le long. Les toits très pointus évitent que les mètres de neige qui tombent en hiver ne s'accumulent dessus et ne fasse effondrer la baraque. Les façades sont parfois aussi en tôle ondulée, mais le plus souvent en bois. Pour égayer le paysage, elles sont peintes en vert, rouge, bleu, ou blanc. Enfin, une clôture en bois délimite des petits jardins au gazon bien vert, ou s'empilent dans un coin un bric-à-brac de planches, pièces mécaniques, vélos, etc ... Voilà une maison typique d'Ushuaïa.

 





Et lorsque je regarde au bout de la rue, il y a toujours cette vue magnifique sur une montagne à la silhouette déchiquetée qui retient quelques langues de glace ou de neige sur ses pentes.



Je me retourne, et là, c'est magique : c'est le Canal de Beagle qui me fait face avec ses eaux d'un bleu profond, et quelques îlots envahit par les phoques. De l'autre côté du canal, les montagnes du Chili peinent a émerger des nuages. Au bout de la rue cette fois, c'est le port et ses gros bateaux de pêche, ses porte-containers, ou des bateaux brise-glaces préparant un ravitaillement polaire avec une expédition scientifique. Et bientôt, peut-être le mien ...



Je retourne à l'Hôtel où m'attendent Daphna (l'israélienne avec laquelle j'ai sympathisé hier soir) et son amie Ingrid (Autriche), pour partir faire une petite randonnée jusqu'au Glacier Martial à quelques kilomètres d'ici seulement. Nous prenons un taxi jusqu'au point de départ où un téléphérique fonctionne. Le temps commence à tourner à la neige fondue, et l'option du téléphérique (15 pesos) prend vite le dessus sur celle de la marche. Nous arrivons au premier refuge en 10 minutes, et de là, une petite marche de 20 minutes nous permet d'atteindre le pied du glacier. en fait, le nom de "glacier" est assez usurpé car il ne s'agit que d'une fine langue de glace qui descend de la montagne. Même celui du Huayna Potosi où je me suis entraîné le premier jour était 10 fois plus impressionnant. Nous allons sur le flanc de la montagne opposée pour avoir une vue panoramique sur Ushuaïa et la baie, y restons 10 minutes, puis je tente d'escalader un peu plus la montagne, pendant que les filles retournent au refuge pour m'y attendre. Malheureusement, la neige rend la pierre glissante et je fais demi tour au bout de 15 minutes. De toute façon, la vue n'était pas mieux qu'en bas.





Nous reprenons le téléphérique pour descendre, puis nous nous faisons prendre en stop par un couple espagnol qui nous dépose près du centre-ville. Daphna part à 15h00 pour une croisière dans la baie, donc nous mangeons rapidement, et chacun va de son côté pour le reste de l'après-midi.

Moi, j'ai un "problème" à régler. J'ai peur qu'il n'y ai plus de place sur le bateau que j'ai trouvé pour l'Antarctique si j'attend le jour du départ pour tenter d'avoir un ticket bradé. La saison touristique a commencé, il y a beaucoup trop de monde ici. Et puis même bradé, ça me coûtera sûrement plus de 2000 dollars. Après, si je me plante, il va falloir patienter plus d'une semaine sur place pour tenter à nouveau ma chance. Ce que je ne peux pas me permettre si je veux atteindre Santiago à temps en ayant un peu profité de la Patagonie. J'ai pris ma décision : je ne peux pas laisser passer ça. Si proche de l'Antarctique, à peine 1000 kilomètres, et devoir repartir sans l'avoir vu ... impossible ! Je vais donc à l'agence, et je réserve ma place pour le prochain départ, Dimanche 18 Décembre. Je signe un paquet de paperasse concernant le respect des Traités Internationaux sur l'Antarctique, des décharges médicales, un contrat de voyage, et je prie pour que ma carte bancaire fonctionne. Alléluia, je suis en route pour le voyage le plus dingue de ma vie !

Sans trop vraiment réaliser ce qu'il va se passer dans 4 jours, je repars en ville à l'Office du Tourisme faire apposer sur mon passeport un tampon "Ushuaïa, Fin du Monde". C'est vrai quoi ... Il ne va pas y avoir d'immigration à passer quand je vais fouler la banquise... il me faut une preuve officielle que j'étais dans le coin !  ;-)

Je continue ensuite ma promenade de découverte de la ville en allant au port, en longeant l'embarcadère jusqu'à la base de la Marine Nationale, puis je vais au Musée de la fin du Monde (10 pesos). Il n'est pas très grand, mais les cinq salles regorgent d'information intéressantes sur les indiens de la régions (disparus depuis longtemps), la vie des pionniers, sur les expéditions en Terre de Feu depuis plus de 500 ans, les naufrages célèbres, et la faune locale.



En rentrant à l'hôtel je me fais une petite frayeur en passant devant une vitrine d'agence de voyage. Elle affiche des places de dernière minute pour un départ en Antarctique dans 2 jours, à un tarif inférieur de 500 euros par rapport au mien. Je rentre immédiatement dans l'agence pour en avoir le coeur net, mais je m'aperçois vite en étudiant l'offre que ça dure moins longtemps que la mienne, d'où le prix inférieur. Je préfère ça ... je me voyais déjà en train d'annuler mon voyage avec l'autre agence, et le bordel que ça risquait d'être.

Je rencontre un français cool à l'hôtel, qui comme moi a tout laché, ainsi que mes nouvelles camarades de chambre. Encore des israéliennes.
22h00 : je vais au supermarché acheter des pâtes et de la sauce tomate pour faire mon dîner. Heureusement que j'aime les pâtes car je vais devoir en manger des paquets pour les semaines à venir...

Publié dans Argentine

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Commenter cet article
J
Profites au maximum et vis chaque seconde à fonds<br /> Noël dan sl'Antarticque c'est pas commun<br /> Tu vas nous manquer, mais on pensera à toi - Gros bisous M....<br />
P
Je partage l'enthousiasme de Polofille qui apparemment aime bien tes récits. Moi aussi!<br /> <br /> Tu parles d'un français cool, ça me fait penser que j'en connais 2 qui sont actuellement dans la région:<br /> - Jean-Philippe Candela (aux dernières nouvelles toujours à Ushuaïa)<br /> - Jean-Marie Perrier (parti en vélo d'Ushuaïa la semaine dernière, vers Rio Grande actuellement)<br /> <br /> Des fois que ce soit eux que tu croises...<br /> Bon voyage en Antarctique, c'est pas commun!<br /> P./
N
salut coco! mon commentaire sera bref: enfoiré!
L
Vouiiiiiii !!  :-p
P
Les nouilles, ça change un peu des pizzas, non ? ;-)<br /> Super d'avoir obtenu le billet pour l'Antarticque ! J'ai trop ri quand j'ai imaginé ta tête devant l'agence où ils annonçaient le billet moins cher ! Tu as une telle façon de raconter qu'on a l'impression de voyager à tes côtés, et en plus c'est gratos pour nous !<br /> Et les photos, à la différence des nouilles, changent de saveur et de couleur à chaque voyage.<br /> Elle est pas belle, la Vie ? :-)
L
Rhô non, pas encore des nouilles !<br /> Des nouilles, des nouilles, des nouilles !<br /> C'est tous les soirs la même chose, y'en a marre !